5 degrés, c’est encore possible !
Si comme moi vous êtes désespérés de ne pas pouvoir tenter l’expérience grandeur nature des 5 degrés, à cause des efforts coordonnées des états pour réduire leurs émissions, rassurez-vous, c’est encore possible ! Comme nous allons le détailler, avec quelques efforts, c’est à notre portée.
L’impact économique du réchauffement est limité
La banque de Suède nous a assuré, en décernant le prix d’économie en mémoire d’Alfred Nobel à William Nordhaus, que le réchauffement climatique aurait certes un impact, mais il serait heureusement limité. On est rassurés de savoir que le GIEC, certes récompensé hâtivement du vrai prix Nobel, s’est inquiété inutilement car n’ayant pas chaussé ses lunettes d’économiste orthodoxe, les seules qui permettent de voir le monde rationnellement. La science économique est formelle, et elle prédit que si nous visons 5 degrés de réchauffement, nous ne perdrons que 5% du PIB ! Dilué sur 50 ans, c’est seulement une baisse de 0.1% par an. De plus, en réactualisant le futur, on peut arbitrer entre les efforts aujourd’hui et les dommages futurs, et on en conclut alors que 3.5 degrés c’est le réchauffement optimal ! Mais n’hésitons pas, allons directement aux 5 degrés car de nombreux bénéfices sont à attendre, comme les économies sur le chauffage, ou sur le transport maritime avec l’ouverture du passage nord-ouest.
En 2019, nous avons déjà émis 2100 GtCO2 (voir les unités). Or nous savons que pour atteindre les 5 degrés de réchauffement, il faudrait atteindre les 8000 GtCO2. Serons-nous capables d’atteindre ce seuil rapidement ? Au rythme actuel de 40 GtCO2 par an, cela va trainer 150 ans. Heureusement, on espère pouvoir compter sur une croissance d’utilisation des énergies fossiles de 2%. C’est réaliste si on compare au taux d’augmentation historique de nos émissions de CO2 ci-dessous.
Avec ce taux d’augmentation de nos émissions, nous aurons enfin atteint le total de 8000 GtCO2 en seulement 80 années, et le taux d’émission sera alors environ de 195 GtCO2 par an. Nos enfants verront peut-être ce nouveau monde de leur vivant, espérons-le. La seule question qui reste en suspens, c’est de savoir si on trouvera assez d’énergies fossiles pour atteindre ces 8000 GtCO2.
Les réserves d’énergies fossiles
En effet, même les estimations les plus hautes pour le pétrole et le gaz, c’est-à-dire en incluant les réserves ultimes que l’on n’est pas certain de pouvoir sortir de terre, sont de 3000 milliards de barils (420 Gtep). Avec 400 kg de CO2 par baril, cela nous mène à 1200 GtCO2 lorsque nous aurons tout brûlé. Et encore, j’ai amalgamé le gaz naturel au pétrole alors que les émissions de CO2 pour le gaz naturel sont un peu inférieures à celles du pétrole pour une même masse donnée. En rajoutant ces optimistes 1200 GtCO2 aux 2100 que l’on a déjà émis, ça ne nous permet même pas de dépasser les 3500 GtCO2. On est vraiment loin du compte…
Heureusement, nous allons pouvoir compter sur le charbon. Les réserves ultimes sont estimées à 2500 Gtep, soit l’équivalent de 18 000 milliards de barils de pétrole. Une bénédiction ! En plus le charbon émet plus de CO2 par tep (4.1t par tep, contre seulement 3t pour le pétrole). Grâce à la croissance continuelle du nombre de centrales à charbon installées, on va pouvoir relâcher plus de 10 000 GtCO2 rien qu’avec le charbon restant. C’est dix fois plus que le pétrole et le gaz naturel restant !
Au final, avec le charbon, le pétrole et le gaz naturel réunis, nous pourrons trouver de quoi rajouter au moins 11 000 GtCO2 aux 2100 déjà émis, et ainsi dépasser largement la quantité nécessaire pour parvenir à ces 5 degrés. C’est en fait très simple et il n’y a rien à faire de spécial, ni même besoin de transformer nos économies. Il suffit juste de racler les fonds de réservoirs de pétrole et de gaz, et de continuer, surement mais calmement la croissance de notre extraction de charbon. On voit sur le graphe suivant que la production ne faiblit pas et la tendance long terme est une belle augmentation de 2% par an, surtout grâce à la Chine, l’Indonésie et l’Australie. Il suffira de prolonger cela.
On voit tout de même qu’il y a eu une petite hésitation de 2012 à 2016, mais heureusement cette mauvaise passe est sur le point d’être effacée et la production a bien augmenté depuis de manière conséquente (pour 80% grâce à la Chine et l’Indonésie qui viennent de passer leur pic pétrolier et se reportent sur le charbon) afin de rattraper le temps perdu.
On a hâte de découvrir le prochain prix de la banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel sur l’interaction économie/climat, pour découvrir encore d’autres bonnes nouvelles de ce genre ! En attendant, vous pouvez vous entrainer à réchauffer la planète avec cet outil de simulation.
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